Le président tunisien, Kais Saïd, a annoncé par surprise la destitution du premier ministre, Hichem Mechichi, et la suspension du Parlement, ainsi que le retrait avec effet immédiat de l’immunité parlementaire de tous les députés « pour regagner la paix sociale et sauver l’Etat et la société ».
« La Constitution ne me donne pas la possibilité de la dissoudre (le Parlement), mais elle ne m’empêche pas de la suspendre », s’est défendu le président à l’issue d’une réunion urgente avec des hauts responsables de l’armée et des forces de sécurité tenue ce dimanche, 25 juillet.
Saïd a assuré qu’il assumera la présidence de l’Exécutif avec l’aide d’un nouveau Premier ministre, qu’il nommera, pendant la période de transition.
Le président a défendu le recours à l’article 80 de la constitution qui dispose qu’« en cas de danger imminent menaçant la nation, la sécurité ou l’indépendance du pays et faisant obstacle au fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République peut prendre les mesures nécessaires dans des circonstances exceptionnelles après consultation du Chef du Gouvernement et du Président du Parlement ».
Selon ledit texte, l’objectif est de garantir le retour à un fonctionnement régulier de la puissance publique « dans les plus brefs délais », tandis que la Cour constitutionnelle – en attente de création depuis 2015 – doit superviser ledit processus et se prononcer sur son extension.
« Bien que la constitution inclue les conditions, nous ne voulions pas en arriver là. (…) Le peuple poursuit aujourd’hui sa révolution dans le cadre de la légitimité et nous travaillerons à appliquer la loi dans le monde entier », a ajouté le dignitaire et ancien professeur de droit constitutionnel.
S’adressant à la radio locale Mosaïque FM, l’un des principaux dirigeants du parti islamiste Ennahda, partenaire du gouvernement, Ali Al-Arayedh, a qualifié cette décision de « coup d’État contre les institutions de l’État ».
Cette décision intervient après que des milliers de citoyens ont manifesté dans diverses régions du pays pour exiger la démission du souverain et la dissolution du Parlement pour sa mauvaise gestion de la crise sanitaire et la détérioration des conditions de vie, qui ont conduit à des affrontements contre les forces de sécurité, qui eu recours à des gaz lacrymogènes pour le disperser.
Depuis le début de l’année, le pays maghrébin connaît un blocus institutionnel après que le Parlement a soutenu le remaniement de l’Exécutif, avec des changements dans onze de ses 25 portefeuilles, et le président, Kais Saïd, a refusé de l’accepter étant donné qu’il n’avait pas été consulté auparavant et en raison des soupçons de conflit d’intérêts qu’ils projettent sur certains des nouveaux membres.
La grave crise économique qui a secoué le pays ces dernières années, aggravée par l’épidémie, a contraint le gouvernement tunisien à demander de l’aide à la communauté internationale en raison du manque de vaccins et de matériel médical pour faire face à cette quatrième vague de coronavirus, qu’il a déjà compte plus de 18 000 victimes, le taux de mortalité le plus élevé du continent selon l’Organisation mondiale de la santé.